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Les missions jésuites de Chiquitos

Eglise de San JavierA la fin du XVIIème siècle, les pères jésuites arrivèrent d'Europe pour évangéliser les Indiens de ces contrées inhospitalières que les Espagnols n'avaient pas encore véritablement "conquis". On estime que deux millions d'autochtones vivaient sur ce territoire à l'époque divisés en une quarantaine d'éthnies, notamment les Guaranis, les Ayoréos, les Chiquitanis et les Chitiguayos.

Les missionnaires jésuites construirent des villages faisant partie de la Province Jésuite du Paraguay. San Javier, fut créé en 1691, la première république de Dieu. École, atelier de peinture et d’art plastique, cuisine et salle de musique sont érigés autour de l’église sans oublier l’atelier où les luthiers chiquitanos fabriquent leurs propres instruments de musique.

Le Père Martin Schmidt, Suisse, homme de lConcepciona Renaissance et humaniste têtu, va fonder en quelques années une série de missions pour assurer l’aménagement de cette partie du Haut Pérou (Royale Audience de Charcas). Au fil du temps les chiquitos se font plutôt bien à cette colonisation paternaliste qui les met à l’abri des marchands d’esclaves du Brésil (les bandeirantes). Les jésuites enseignent la musique aux Indiens d’Amazonie qui devinrent des musiciens hors pairs capables de composer eux mêmes des vêpres, des sonates et des opéras. Néanmoins cette musique baroque amazonienne fut longtemps oubliée de l’histoire officielle, préférant celle de Sucre et de Potosi. Les Indiens conservèrent néanmoins chez eux des partitions de l’époque en se les transmettant de génération en génération.

L’expérience de colonisation de ces Indiens les rend sédentaires et ils apprennent l’agriculture et l’élevage. Ce sont initialement des nomades vivant de chasse et de cueillette. Chaque communauté est administrée conjointement par quelques prêtres et un conseil de huit indiens représentant des tribus spécifiques. Les Indiens acceptant de coopérer, ils n’étaient jamais contraints, échappaient ainsi au système contraignant de l’encomienda ou de l’esclavage portugais à l’Ouest. Apogées des missions sous Martin Schmidt qui créa notamment un dictionnaire espagnol chiquito avant d’être expulsé de la région et qui mourut en Europe en 1772.

Outre les activités religieuses et économiques, les jésuites soutinrent le développement culturel. Ils tentèrent d’allier le meilleur des deux cultures. Les Indiens devinrent des artisans accomplis et réalisèrent de remarquables articles en tissus, argent et bois, notamment des harpes et des violons renommés. Chaque mission possède son propre orchestre complet utilisant des instruments artisanaux de qualité souvent supérieure à leurs homologues européens. Ces communautés mettaient également en scène des madrigaux de la renaissance, comédies baroques et opéras. Mais la puissance grandissante des jésuites finit par causer leur perte. Leur influence fit de l’ombre au Roi d’Espagne qui ordonna leur expulsion en 1767.

Les villages de San Javier, Concepcion, San Ignacio, San Miguel, Santa Ana, San Rafael, San José et Santiago furent ainsi construits au XVIIIème siècle.

Contrairement aux autres missions jésuites d'Amérique du sud, abandonnées après 1767, les villages des Chiquitos, survécurent à l'expulsion de la Compagnie de Jésus. Au XIXème siècle, Alcide d'Orbigny admirait encore le tracé régulier de San Rafael et le comte de Castelneau s'émerveillait d'assister, dans l'église de Santa Ana, à l'exécution d'une messe de Palestrina par un orchestre de trente musiciens.

Depuis 1990, cinq églises des missions jésuites de Chiquitos ont été inscrites au Patrimoine mondial de l'UNESCO, comme patrimoine vivant.

 

Potosi, ville impériale

Située à 4070 m d'alt, Potosi est certes la ville la plus haute du monde mais ce fut surtout pendant plusieurs siècles, la ville la plus riche du nouveau monde. Le Cerro Rico, au pied duquel cette ville fut construite, abrite des minerais comme l'argent qui ont fait la fortune de l'Espagne. En effet, le 1er avril 1545, les conquistadores prirent possession de la montagne et commencèrent son exploitation qui perdure encore actuellement.

33 églises, une maison de la monnaie et des bâtisses de style colonial sont le reflet de cette période faste. Dès 1572, le Vice Roi de Toledo initia la fondation d'un hôtel de la monnaie dans le but de faciliter les transactions économiques régionales et internationales, sans dépendre de la monnaie fabriquée en Espagne ni du troc. Ainsi, de 1575 à 1953, la monnaie fut frappée à Potosi pour tout l'empire colonial puis après les guerres d'indépendance pour les provinces unies du Rio de la Plata (Argentine, Uruguay et Bolivie) et enfin pour les républiques naissantes. L'hôtel royal de la monnaie, dit "la casa real de la moneda" est le plus grand bâtiment colonial construit dans toute l'Amérique latine. De style baroque, en pierre de taille et bois de cèdre, il s'étend sur 7750m².

Après 378 ans de service de frappe de la monnaie, ce superbe édifice fut transformé en musée. Il abrite aujourd'hui l'une des plus belles collections de peinture coloniale et notamment des oeuvres de l'école de Potosi (17ème siècle) ainsi que des toiles de Holguin, le plus célèbre peintre Bolivien.

Cependant c'est l'oeuvre d'un anonyme du 18eme siècle qui retiendra mon attention, la Vierge du cerro. Cette peinture symbolise le syncrétisme religieux entre la culture chrétienne des colons et la culture des indiens des Andes. Le visage de la Vierge est reprénsenté dans la montagne incarnant ici la Pachamama (Terre Mère), dans le ciel se trouve la Trinité mais également Inti (le Soleil) et Quilla (la Lune) qui sont les divinités Incas. Sur le cerro est peint l'Inca Huayna Capac venu à Potosi en 1462 et qui ordonna aux indiens l'exploitation du Sumaj Orko, la belle montagne. Celle-ci fut interrompue par un grand bruit "Potojsi" qui signifie explosion dans la langue Quechua. En bas à droite du tableau se trouve l'Empereur Charles Quint, bâtisseur de l'Empire où le soleil ne se couche jamais, symbolisé par une sphère bleue. A sa gauche, le Pape et un évêque représentant les autorités religieuses qui, grâce à la dîme de Potosi, pourront achever de construire la Basilique Saint-Pierre de Rome.

Outre la collection de peintures, les salles des laminoirs, les numismatiques ou encore l'argenterie et les rétables en font le plus riche musée de ce pays.

L'autre très beau monument de cette ville est le couvent Santa Teresa. De l'ordre des carmélites il fût construit en 1692 et recevait à l'origine des jeunes filles de l'aristocratie locale. En effet, la tradition européenne qui voulait que le deuxième enfant de la famille entre dans les ordres était également de mise à Potosi, grande ville de l'Empire. Chaque famille versait une dot importante lors de l'entrée de la novice et celle-ci était le plus souvent remise en peintures, argenteries, sculptures...

Le jour de son entrée définitive dans le cloître des carmélites, le jour de ses quinze ans, la jeune fille était vêtue comme une reine et sa parure était ensuite utilisée par les religieuses pour fabriquer les vêtements de la statue de Marie ainsi que des vêtements ecclésiastiques de cérémonie. Ce couvent abrite aujourd'hui une collection vraiment exceptionnelle d'arts et d'objets religieux sans compter la qualité même de l'architecture et de la décoration baroque. Une petite dizaine de carmélites vit encore aujourd'hui dans le bâtiment attenant au musée.

 

La grande fête San Roque

En 2007, Tarija, a célébré le centenaire de la grande fête de San Roque où des milliers de Chunchos dansent en procession pour honorer saint Roch.

L'une des grandes traditions des chapacos est la fête annuelle "San Roque" qui démarre le 16 août, jour de la Saint-Roch, jusqu'au deuxième dimanche de septembre. Cette fête populaire est avant tout une fête religieuse et la grande majorité des Tarijeños portent une foi sans limite en leur Saint Patron saint Roch. En 1998, ces festivités ont été déclarées " Patrimoine national Historique Religieux et Culturel".


Saint Roch, Français de Montpellier, naquit en 1293 et est le patron des malades et handicapés. A Tarija, la célébration du culte de saint Roch date de l'époque coloniale. Mais la particularité de cette fête est la participation des chunchos. Véritables dévots, ils sont véritablement uniques et l'on n'en rencontre nulle part ailleurs.

Ces chunchos sont des hommes qui portent un costume spécifique représentant les malades d'autrefois et qui dansent en procession dans les rues de la ville plusieurs jours de suite. Ils sont appelés également "promesantes" c'est-à-dire ceux qui font la promesse d'honorer Saint Roch chaque année, ou un certain nombre d'années, en échange de la santé ou de la guérison.

 


1300 chunchos, de 7 à 77 ans, défilent ainsi en dansant pour accompagner la statue de saint Roch. Elle est portée à bras d'hommes pour l'occasion dans tous les quartiers de Tarija afin de bénir les habitants chapacos et demander au saint de les protéger de la maladie. Les danseurs sont accompagnés de musiciens jouant notamment de la caña, un roseau de 3 à 4 mètres de long munis d'une corne à son extrémité et de la camacheña, une petite flûte, deux instruments typiquement chapacos. Autant de dévotion pour un saint au XXIème siècle nous laisse songeur mais la foi des Chapacos est telle qu'elle inspire le respect


Pendant trois semaines, Tarija vit au rythme de la ferveur religieuse et populaire, alternant messes solennelles, processions, concerts de musique traditionnelle et feux d'artifice.

 

 

Pèlerinage de Chaguaya

Chaque année des milliers de pèlerins parcourent à pied 60 km entre Tarija et Chaguaya pour prier et vénérer la Vierge Marie.

Du 15 août au 6 septembre, chaque jour des milliers de personnes quittent le centre ville de Tarija, traversent le Rio Guadalquivir sur le pont des pèlerins, contournent le lac San Jacinto et rejoignent par une piste magnifique le petit village de Chaguaya.
Ce pèlerinage existe depuis l'époque coloniale et célèbre l'apparition de la Vierge Marie à un paysan de passage à Chaguaya.
La majorité des pèlerins font le trajet de nuit en quittant Tarija à la tombée du jour pour éviter l'intensité des rayons du soleil de la journée. Ils arrivent ainsi au petit matin après plus de 10 heures de marche.
Ce sont principalement des jeunes, lycéens, étudiants, équipés de chaussures de sport et pull chaud qui prennent ce chemin. Cependant, le week-end, des familles entières, des jeunes enfants de 10 ans aux grands-parents tentent cette expérience forte dans leur vie de croyants. Ils viennent prier Marie et lui demander de garder ou de retrouver la santé.
Quelques véhicules passent sur le chemin mais très peu de pèlerins abandonnent la route pour faire du stop. Nous emmènerons à Chaguaya dans notre voiture, une femme âgée malade et deux enfants de 10 ans épuisés au bout de 30 km de marche !

Tous les 10 km environ les pèlerins traversent des villages ou un camp monté pour l'occasion et y trouvent de quoi se restaurer ou se faire soigner au poste de santé.

Avant d'arriver au sanctuaire de Chaguaya, les pèlerins traversent le village qui se transforme pendant trois semaines en un immense marché populaire. Des étals proposent des petits-déjeuners, des repas complets et des rafraîchissements mais surtout de succulentes chiriadas, des crêpes au miel qui sont la spécialité locale. Les mamitas les préparent assises par terre avec un petit réchaud à gaz ou directement sur un feu de bois et charbon.

Arrivés au Sanctuaire, les pèlerins assistent à la messe et font la queue pour être bénie par la statue de Marie. Un homme soutient cette statue et chaque croyant met sa tête sous la robe de la Vierge en exprimant ses vœux.

Après le pèlerinage, chacun va se restaurer et déguste avec appétit les fameuses crêpes mais aussi les soupes de cacahuètes ou de quinoa, le porc cuit au four, les pommes de terre, le riz et le maïs. Un article dans la presse locale mentionnait que le personnel municipal chargé de la santé publique contrôlerait l'état sanitaire de ces gargotes et des aliments afin de prévenir les problèmes intestinaux. Une bonne hygiène était recommandée aux tenancières comme par exemple avoir des ongles propres et courts, porter un chapeau ou un bonnet, se laver les mains après le passage aux toilettes, ne pas mettre ses doigts dans son nez… Evidemment ce vœu pieu des services sanitaires montre la prise de conscience des pouvoirs publiques sur l'éducation nécessaire en matière d'hygiène et santé des femmes boliviennes. D'ailleurs, de nombreux projets dans la région forment les femmes des communautés rurales à ces notions de base pour réduire les maladies et la mortalité infantile encore très importante.
Néanmoins, malgré le non respect apparent des règles d'hygiène, nous avons dégusté ces excellents plats à Chaguaya, comme régulièrement sur le marché de Tarija, et en gardons un excellent souvenir…

A l'issue de cette journée, les pèlerins rentrent à Tarija en bus, camions ou camionnettes, évidemment bien chargés malgré le contrôle strict de la Police sensée éviter les surcharges !

 

182 ans d'indépendance

Ce 6 août, jour de la fête nationale, sont célébrés les 182 ans d'indépendance de la Bolivie. Dés défilés ont lieu dans toutes les villes et villages du pays et c'est l'occasion d'une grande fête populaire.


A Tarija nous assistons aux défilés devant une tribune d'officiels. De nombreuses femmes en tailleurs jupe ou pantalon avec talons hauts, maquillage, visage blanc et cheveux châtains représentent les métisses ou créoles majoritaires dans cette région sud de la Bolivie contrastant avec les défilés de "campesinos" paysans ou commerçants en costumes traditionnels indiens. Les indiens sont minoritaires dans ce département qui fait partie de la " média luna " c'est-à-dire la partie orientale de la Bolivie qui souhaite obtenir un statut d'autonomie.

Nous pensions que cette date du 6 août marquerait une reprise des "bloqueo" et manifestations contre le gouvernement actuel d'Evo Morales. Mais il n'en fut rien. A la date du 6 août devait normalement sortir la nouvelle constitution du pays mais les élus chargés de rédiger ce texte n'ont pu terminer leurs travaux et la nouvelle constitution devrait être présentée mi-décembre. A Sucre, où siège cette assemblée constituante, de nombreuses grèves et mêmes des altercations violentes entre les indiens et les créoles ont eu lieu ces derniers temps freinant sérieusement tout processus de négociations et d'entente. Lors de la création de la Bolivie en 1825, Tarija avait le choix entre rejoindre la nouvelle Argentine ou la Bolivie. A l'époque ils décidèrent de faire partie du nouvel état bolivien, bien plus prospère alors que son voisin du sud. Aujourd'hui, un certain nombre de Tarijenos souhaiteraient rejoindre l'Argentine, se sentant plus proche culturellement de ce pays que des hauts plateaux boliviens, dont le représentant Aymara est aujourd'hui le Président.


Il existe une forte concentration des pouvoirs en Bolivie. Tout projet doit être présenté pour validation au gouvernement de La Paz ce qui génère dans les départements riches de la " demi lune " une véritable frustration. Une constatation bien terre à terre en est le ravitaillement en gaz pour alimenter notre 4x4. Les pompes en GNC (GPL) ne se trouvent que dans deux stations de la ville et celles-ci ne fonctionnent qu'au compte gouttes générant des queues interminables de véhicules (surtout des Taxis). Pour ne rouler qu'au gaz, il faudrait faire deux heures de queue au moins deux fois par semaine. Quel paradoxe dans cet état qui possède la deuxième plus grosse réserve de gaz d'Amérique du Sud !

 

 

 

 

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